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Textes de présentation des

Journées d'études et des Journées portes ouvertes 

Semaine du Lundi 11 Mars 2013. Click here to edit me

DÉPARTEMENT ARTS VISUELS
JOURNÉES D’ÉTUDES
lundi 11 mars & mardi 12 mars 2013


"Pour sa semaine de portes ouvertes, le Département Arts Visuels met en place ses deuxièmes journées d’études consacrées à un thème central de ses projets de recherche pour les années à venir. Il s’agit des Écritures de l’altérité. Vous trouverez ci-joints en seconde page les propos inauguraux qui vont permettre et d’organiser une série de thématique autour de ce sujet et de créer dans le même temps une revue de création artistique, en cours d’élaboration. Cette dernière sera l’espace principal d’écritures des artistes-chercheurs et des étudiants du Département Arts Visuels. Pour les journées d’études, qui cette année s’enrichissent d’un nouveau concept « les entre-mondes », sur ce sujet large et ouvert, considérant au départ, non seulement, notre dimension géographique et anthropologique, mais aussi des horizons plus lointains.
À cette occasion, vous pourrez exprimer vos points de vue. Enfin, les travaux et les activités des étudiants seront présentés, et principalement lors des deux journées de portes ouvertes du vendredi 15 et samedi 16 mars 2013. Aussi, des chercheurs et des artistes vont interroger ce sujet, pris sous différents angles d’approche."

Valérie JOHN
Directrice du Département Arts Visuels
Campus Caraïbéen des Arts

                        

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 LES ÉCRITURES DE L’ALTÉRITÉ


"Premier jet d’une vaste parole à accomplir et d’une étude qui va se poursuivre tout au long de nos recherches, les Écritures de l’altérité proviennent d’un homme ô combien charismatique pour bon nombre de celles et de ceux qui défendent la différence, la diversité ou le multiculturalisme. Il s’agit de Frantz Fanon, pour qui cette expression est lourde de sens : dans l’introduction de Le Colonisé en question, il est écrit qu’« on dit volontiers que l’homme est sans cesse en question pour lui-même, et qu’il se renie lorsqu’il prétend ne plus l’être. Or il semble qu’il doit être possible de décrire une dimension première (nous soulignons) de tous les problèmes humains. Plus précisément : que tous les problèmes que se pose l’homme au sujet de l’homme peuvent se ramener à cette question : « N’ai-je pas, du fait de mes actes ou de mes abstentions contribué à une dévalorisation de la réalité humaine ? » Question qui pourrait se formuler encore : « Ai-je en toute circonstance réclamé, exigé l’homme qui est moi ?
1 » De quoi donc s’agit-il au travers de ces questions qui, fatalement, induisent bien davantage que le rapport humain, au-delà même de sa propre relation à soi ? Il n’est pas de notre ressort d’y répondre ni philosophiquement, ni sociologiquement, ni d’une quelconque autre manière, hormis, dans le contexte qui nous importe, artistiquement. Tout au plus, il est possible d’évoquer quelques répliques significatives : On attend par ce thème majeur dans la pratique artistique des Antilles et principalement des territoires martiniquais, guadeloupéen et guyanais, les effets de densités anthropologiques, baignant dans l’espace créole. Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant disent à ce propos que « Dans la culture créole chaque Moi contient une part ouverte des Autres, et au bordage de chaque Moi se maintient frissonnante la part d’opacité irréductible des autres »2 ; ou bien en évoquant Édouard Glissant, « La Relation n’est pas d’étrangetés, mais de connaissance partagée. »3


Aussi observons-nous que la Relation, thématique majeure de Glissant, est double, lumière et opacité, étrangeté et partage. En effet, il s’agit non seulement de se confronter à notre part d’ombre, mais aussi à un

« dialogue », nécessairement dépassant la relation binaire, celui qui détermine ma position en tant que telle – mon identité – à celui qui révèle l’autre – mon altérité4. Un proverbe africain souligne ainsi que «le véritable dialogue suppose la reconnaissance de l’autre à la fois dans son identité et dans son altérité ». Il existe donc dans chaque homme une quête, un chassé-croisé entre ces deux entités – identité-altérité –, termes pourtant antinomiques. Si le premier désigne la similitude, l’accord, la parenté, l’unité, l’uniformité, la ressemblance, la cohésion, l’harmonie, la conformité, la constance, la permanence, la communauté..., le second, tout au contraire, désigne l’impermanence, la dissimilitude, le multiple, la différence, etc. De fait, il s’agit de scinder les deux mots. Mais Jacques Lacan précise que « le moi de l’homme n’est pas réductible à son identité vécue» (Écrits, Le Seuil, 1966) ou Pierre Bourdieu considère que l’identité reste l’instrument de l’intériorisation qui donne à l’individu l’impression de faire acte de création, de liberté et l’imprévisibilité, alors que ces actes sont socialement liés aux conditions de constitution d’habitus. Il est donc souhaitable de ne pas les séparer, surtout lorsqu’il s’agit de les « recadrer » dans une perspective artistique. L’art se nourrit effectivement et de l’identité et de l’altérité, et ne peut se départir ni de l’un ni de l’autre. D’un côté, un imaginaire se construit, où « l’identité sera convulsive ou ne sera pas » (Max Ernst), de l’autre, un nécessaire dévoilement dans la réalité de ce qui se fabrique à l’œuvre (poïétique) et dans sa réception esthétique ; de passer ainsi de l’intime à l’extime (D. Madélénat). La tâche de l’artiste est de révéler sa part d’imaginaire et, de ce fait même, révéler à tous son rapport au monde, sa propre ouverture à l’altérité."
Olivier Lussac (année 2012)

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1 Frantz Fanon, « Le Colonisé en question », texte publié dans la revue Esprit, février 1952, repris dans Pour une révolution africaine, Paris, FM/Petite collection Maspero, 1969, p. 9 (édition de poche originale). 2 Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant, Lettres créoles, Folio Essais/Gallimard n° 352, 1999, p. 64.

3 Édouard Glissant, Poétique de la Relation, Poétique III, Paris, NRF Gallimard, 1999 (première édition : 1990), p. 20.

4 Cf. le dvd Identités et devenir, revue Les Périphériques vous parlent, n°29, 2010, notamment « Un imaginaire pour une mondialité à faire. Fragments de deux rencontres avec Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau » de Federica Bertelli.

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"Les entre-mondes. Dans le cadre de notre programme sur 4 ans autour des écritures de l’altérité, nous sommes traversés cette année par la notion d’Edward W Saïd les « entre-mondes ». Développée par Seloua Luste Boulbina dans « les arabes peuvent-ils parler ? », cette thématique questionne notre condition singulière de création dans une
école d’art Caribéenne sollicitant à la fois nos postures de créateurs et de pédagogues.
Dans le récit qu’il nous donne des entre-mondes, Edward W Saïd parle de son identité de migrant permanent qui essaye de se défaire, de se décoller de la place fixée qu’il pourrait avoir. L’art aussi incarne une forme de migration. Et c’est ce mouvement qui provoque l’adaptation et la capacité de faire face au changement. «Ces lieux de l’art et de la
littérature, deviennent un fil conducteur pour dire les déplacements... »

(In dans l’ombre de l’occident/les arabes peuvent-il parler ? Edward W. Saïd/seloua Luste Boulbina )
Il ne s’agit pas seulement de lister et de repérer les conditions et les présences d’entre- mondes dans notre contexte spécifique, mais aussi de proposer des situations de création et de pédagogie qui les font émerger. Toujours dans le cadre des écritures de l’altérité, la recherche se resserrera sur cette pensée de l’adaptation et des ailleurs propice à une création loin des hiérarchisations mondialistes.
Les workshops proposés par le département des arts visuels ont donc privilégié des intervenants qui peuvent témoigner et transmettre ces postures et réflexions. Le voyage, le mouvement, l’incertitude et la rencontre sont autant de sujets qui ont mené à des productions et des réflexions singulières."
Julie Bessard (année 2013)

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